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Deux journées d'informatique théâtrale à Lyon

Publié le 13.10.2022

L'intention de la rencontre, qui s'est déroulée pour la deuxième fois les 10 et 11 octobre 2022 à l'ENSATT de Lyon, est de rassembler et de faire dialoguer une communauté existante mais dispersée, afin de pouvoir présenter mutuellement des réflexions, références, études et processus créatifs, qu'ils soient passés, présents ou futurs. Dans ce contexte interdisciplinaire d'application numérique-analogique, auquel de nombreuses productions théâtrales contemporaines sont liées, des caractéristiques et des pratiques communes émergent, ainsi que des problématiques. Pour cette raison, l'échange proposé dans les Journées d'Informatique Théâtrale vise à contribuer à la diffusion de l'information et à l'épanouissement des sujets individuels.

Les groupes de discussion proposés dans cette dernière édition étaient les suivants : La scénographie informatisée ; Machine théâtrale et acteur virtuel ; Le spectateur dans le spectacle numérique ; La scène augmentée ; Détournements, collaborations et créations ; Quels logiciels pour la création théâtrale ? ; Archivage et annotation numériques du spectacle vivant.

Parmi les nombreuses et très riches idées que les 28 interventions ont transmises, je résume ici les éléments qui m'ont passionné, et qui sont les plus proches de la recherche que j'ai en place. Déjà en introduction de la première journée, Mireille Losco-Lena (Université Lyon 2), co-organisatrice de l'événement, soulignait la question du rôle du spectateur, dans un écosystème théâtral en constante évolution des formes, des pratiques, et donc dans la reformulation de ses conventions.

Romain Fohr (Université Paris 3), à travers quatre exemples, a identifié la scénographie, qu'elle soit numérique ou analogique, visible ou invisible, comme partenaire de jeu de l'interprète sur la scène théâtrale. Philippe Chaurand (compagnie Anomes), a mis l'accent sur la présence physique et esthétique des éléments tels qu'ils sont mis en forme par le marché, et la manière dont les artistes réussissent ou non à contourner les problèmes liés à cela. Pia Baltazar (compagnie Les Baltazars) a témoigné d'un long parcours de recherche technologique et d'application à la création, prenant conscience de la nécessité de donner du temps à l'expérimentation, précisément de rechercher l'harmonie entre le temps et la technologie. Les artistes et doctorants du PSL, Vivianna Chiotini et Rémi Sagot-Duvauroux, ont fait référence à la gestion de l'espace dans l'usage de la réalité virtuelle, soulignant comment l'espace peut être considéré comme une marionnette du corps humain. Andrea Giomi (compagnie Kokoschka Revival) a soulevé la question de la configuration hybride de l'environnement informatique, et donc des diffractions et co-adaptations qui sont générées entre les corps humains et ces environnements. Salvatore Anzalone, Giulia Filacanapa et Erica Magris (Université Paris 8 - EUR ArTeC) ont expérimenté sur scène avec des robots humanoïdes, évoquant le rôle du masque théâtral et l'échange d'une grammaire de mouvements, à l'instar de celle proposée par Claire Heggen. Anastasiia Ternova (Université Paris 8) a centré son propos sur l'analyse de l'attention du spectateur face à ses propositions artistiques, qui montrent une dramaturgie entre acteurs réels et virtuels. Rachel Martin (compagnie Les ImPoNdErAbLeS) a dénoncé comment les interférences dues aux éléments technologiques peuvent entraîner une perte d'attention sur le corps, celui de l'interprète sur scène ou celui du quotidien. Ou, dans une situation tout à fait opposée, ces éléments technologiques étrangers au corps peuvent aussi faire observer d'une manière nouvelle des détails du corps peut-être pas encore expérimentés.

Les interventions d'Olivier Boréel et Perrine Mornay (collectif Impatience), Isla Borrell (Université Paris 8) et Julien Daillère (compagnie La TraverScène) ont fait réfléchir sur l'action du créateur, qui se rend en quelque sorte invisible, ou se confond avec un ou une autre technologie. Par rapport à certains de ces exemples, la forme technologique révèle encore la présence humaine ou l'intention anthropocentrique de la création.

programme : https://www.ensatt.fr/spectacle/2e-journees-dinformatique-theatrale

images : https://mascarille.com/galerie/index.php?/category/5094